Dernier édito de Serge Ricaud
SYNODE : LES SEPT PÉCHÉS POUR LESQUELS
L’ÉGLISE A DEMANDÉ PARDON
Méditation du 6 Octobre 2024
Mardi 1er octobre, après deux jours de retraite spirituelle, la deuxième session du
Synode « pour une Église plus synodale » s’est ouverte avec une cérémonie
pénitentielle inhabituelle. Sept cardinaux ont tour à tour demandé pardon pour sept
« péchés », loin des péchés capitaux bien connus. Quels sont-ils ?Le péché contre la paix
C’est le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay (Inde), qui a ouvert la liste par une demande de pardon « pour le manque de courage, du courage nécessaire dans la
recherche de la paix entre les peuples et les nations ». Le cardinal a salué le courage de la « rencontre », du « respect des pactes », de la « sincérité », ainsi que le courage qu’il faut pour reconnaître « la dignité infinie de toute vie humaine dans toutes ses étapes », jusque dans ses besoins matériels fondamentaux : « le droit d’avoir un travail, une terre, une maison, une famille, une communauté dans laquelle vivre librement. » « Notre péché est encore plus grave si, pour justifier la guerre et la discrimination, nous invoquons le nom de Dieu », a-t-il conclu.Le péché contre la création,
contre les peuples indigènes, contre les migrants . Le cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral, a exprimé « sa honte pour ce que nous, les fidèles, avons fait pour transformer la création de jardin en désert, en la manipulant à notre guise. » Ce péché d’exploitation porte aussi atteinte à la « dignité humaine », et le cardinal a demandé pardon pour les « systèmes qui ont favorisé l’esclavage et le colonialisme », ainsi que pour « la mondialisation de l’indifférence face aux tragédies » qui touchent aujourd’hui « tant de migrants ». « J’entends en ce moment la voix de Dieu qui nous demande à tous : ”Où est ton frère? Où est ta soeur ?” Pardonne-nous Seigneur. »Le péché d’abus
Sean Patrick O’Malley, cardinal et archevêque de Boston (États-Unis), avait pris en 2003 la tête d’un diocèse fortement ébranlé, l’un des premiers, par le scandale des abus sexuels. Il a demandé pardon pour toutes les formes d’abus, et tout particulièrement pour les « abus sexuels commis sur des mineurs et des personnes vulnérables, qui ont volé l’innocence et profané le caractère sacré des personnes faibles et sans défense », et « pour toutes les fois où nous avons utilisé le statut du ministère ordonné et de la vie consacrée pour commettre ce terrible péché. »Le péché contre les femmes, la famille, les jeunes
Le cardinal Kevin Joseph Farrell, préfet du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, a pris la parole « au nom de tous les membres de l’Église, en particulier nous, les hommes », pour avouer un certain mépris de la dignité des femmes, en les rendant « muettes et soumises ». Sa demande de pardon a reconnu que l’Église néglige parfois les besoins des familles, en les jugeant et en les condamnant plutôt qu’en en prenant soin. Qu’est parfois « volé l’espoir et l’amour des jeunes », « quand nous n’avons pas compris la valeur de l’amour et de l’espérance ». Le cardinal a inclu dans sa prière « ceux qui se trompent » et que l’on abandonne en prison ou à la peine de mort.Le péché de la doctrine utilisée comme des pierres à jeter
Víctor Manuel Fernández, cardinal argentin et préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, a lui regretté les mauvais usages de la doctrine de l’Église. « Nous, les pasteurs, chargés de confirmer nos frères et soeurs dans la foi, nous n’avons pas su sauvegarder et proposer l’Évangile comme une source vivante de nouveauté éternelle. » Il a demandé pardon pour toutes les fois où la doctrine est venue justifier « des traitements inhumains » ou a « entravé les diverses inculturations légitimes de la vérité de Jésus-Christ », rendant difficile « la fraternité
authentique de tout le genre humain. »Le péché contre la pauvreté
L’archevêque de Rabat (Maroc), le cardinal Cristóbal Lopez Romero, a dénoncé les « préciosités coupables qui enlèvent le pain aux affamés ». Il a demandé pardon, « en essayant d’avoir honte de l’inertie qui nous empêche d’accepter l’appel à être une Église pauvre des pauvres », reconnaissant par cet « essayant » la difficulté de l’aveu. Il a avoué la « séduction du pouvoir », la « flatterie des premières places et des titres vaniteux », ainsi que les « espaces ecclésiaux malades d’autoréférentialité », qui brident la mission vers les « périphéries » chères à François.Le péché contre la synodalité, le manque d’écoute, de communion et de participation de tous
Enfin, le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (Autriche) a conclu avec la disposition d’esprit nécessaire à une véritable démarche synodale. Il a demandé pardon pour les « obstacles que nous avons mis à la construction d’une Église vraiment synodale, symphonique, consciente d’être le peuple saint de Dieu marchant ensemble, reconnaissant sa commune dignité baptismale. » « J’ai honte pour toutes les fois où nous n’avons pas écouté l’Esprit Saint, préférant nous écouter nous-mêmes (…), pour toutes les fois où nous avons transformé l’autorité en pouvoir, en étouffant la pluralité.